Vieillissement : repenser la prise en charge des plus âgés
Promis pour la fin 2019, le projet de loi grand âge et autonomie se fait attendre. Les communes doivent, elles, anticiper le vieillissement de leur population, proposer des services et réfléchir à l'évolution de la prise en charge des personnes âgées dans des structures adaptées, ou à leur domicile.
L’hébergement est en crise depuis au moins deux ans. Date à partir de laquelle les personnels des établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD) se sont mis largement en grève, et à plusieurs occasions. « Ces grèves ont montré les souffrances, et le besoin de faire évoluer le système » veut croire une cadre de santé. Car pour elle, la sauvegarde viendra aussi de la « sortie du tout sanitaire » et de l’encouragement à des approches sur mesure. À l’instar de l’EHPAD de Mons-en-Barœul (59), dont l’unité Alzheimer s’affranchit des « pratiques » classiques pour faire en sorte « que les résidents se sentent chez eux » (lire p. 42).
Pour Marie-Anne Montchamp, présidente de la Caisse nationale pour la solidarité et l’autonomie (CNSA), « il est effectivement temps que l’établissement s’adapte à la personne et non l’inverse » (lire ci-dessus). Pierre Martin, maire de Chauvé (44), directeur d’un EHPAD et représentant de l’AMF au collège « âge » du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, en est aussi convaincu (lire les propositions de l’AMF, p. 43). Le fait que l’on n’ait pas encore réussi à baptiser ces établissements autrement que par un acronyme aussi rébarbatif que celui d’EHPAD témoigne du malaise. « Maison » ou « home » pour reprendre une expression belge, voilà les termes que beaucoup de professionnels et d’élus aimeraient voir s’imposer. Pour cela, encore faudrait-il faire évoluer le modèle…
(Source : CNSA – DREES et INSEE).
Repenser le modèle
Le secteur de l’aide à domicile fait face à une crise silencieuse qui se joue à huis clos. Derrière ces volets, les gestionnaires des services tirent la langue. Les structures sont exsangues financièrement. Elles perdent de l’argent pour chaque heure travaillée. Sans l’apport financier des communes, beaucoup de services auraient fermé. Le personnel est à flux tendu (1). Le turn-over élevé, en partie dû à un fort taux d’accidents du travail.
La loi de financement de la Sécurité sociale 2020 consacre 10 Mdse de l’ONDAM (Objectif national des dépenses d’assurance maladie) pour les établissements et services pour personnes âgées. Elle prévoit aussi 50 Me en vue de la réforme du financement du secteur de l’aide à domicile. Mais les réponses en matière financière ou sanitaire ne suffisent pas. « On a construit un modèle de l’accompagnement de la personne âgée sur l’idée que le “vieux” est un malade à soigner ou en incapacité. Il fallait donc mettre en place des moyens médicaux. Aujourd’hui, l’essentiel des professionnels relèvent du soin. Or, on arrive à un tournant », analyse Romain Gilzome, directeur de l’Ad-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées). C’est là où « les communes ont une carte à jouer importante », selon lui. Car c’est à leur échelle qu’émergent notamment de nouvelles formes d’habitat dit inclusif, intermédiaires entre le domicile et l’hébergement. Comme les Babayagas à Montreuil, une association de personnes âgées à Grenoble ou une coopérative à Bègles. « Ce qui fait lien entre ces initiatives est une forme d’habitat qui relève du droit commun et non pas du secteur médico-social », souligne Romain Gilzome. On se rapproche plus du modèle des résidences-services, le pendant commercial des résidences-autonomie (les anciens logements-foyers). Autrement dit, une offre de services mutualisés et des services à domicile si besoin. Car les personnes veulent avoir l’impression d’être chez elles. « Les élus doivent comprendre qu’il y a un enjeu économique pour leur commune et qu’il faut enfin concevoir d’autres types de services et d’intervenants, comme des postes d’animateur de vie sociale », explique-t-il.
L’émergence de véritables politiques vieillesse s’impose selon Pierre Martin. Pour lui, ce doit être une priorité du prochain mandat.
(1) Lire Maires de France, n° 374, décembre 2019, p. 13.
Marie-Anne Montchamp,présidente de la Caisse nationale pour la solidarité et l’autonomie (CNSA) (1)
« ACCORDER DU TEMPS ET DE LA PRÉSENCE AUX PERSONNES »
Nous devons être attentifs à la demande des concitoyens. Or, les Français disent vouloir vieillir chez eux. Ils ne veulent pas être déracinés ni privés de leur citoyenneté. Ils ne veulent pas non plus abandonner leur vie sociale. Notre modèle de protection sociale doit donc être en mesure d’opérer le virage domiciliaire. Cela implique deux choses. Que les personnes puissent vivre chez elles, que ce soit à leur domicile ou un «chez eux » de substitution plus près de leurs enfants, mieux aménagé. Ou bien, elles doivent pouvoir intégrer un établissement quand cela devient trop difficile. Mais à condition que cet établissement procède de la même logique domiciliaire.
Où sont les blocages ? Sont-ils uniquement financiers ?
Les moyens budgétaires sont bien insuffisants mais pas uniquement. Il faut surtout réorganiser le système pour accorder de la présence aux personnes. On n’a pas le temps de discuter quand on ne dispose que de 10 minutes pour réaliser la toilette d’une personne âgée. C’est donc aussi une question de méthode, d’approche, de formation.
Quels conseils donneriez-vous à un maire ?
Que l’on soit maire d’un village ou d’une ville, la cohésion sociale se fonde sur cette dimension intergénérationnelle et la compréhension de ce qu’est le vieillissement. La prise en charge de l’avancée vers le grand âge doit être un sujet prioritaire. Il faut faire un état des lieux sur la façon dont les personnes âgées vivent. Ensuite, il faut rechercher les partenariats possibles car un maire ne peut faire la pluie et le beau temps seul. La CNSA est là en appui, notamment dans les conférences départementales des financeurs.
(1) www.cnsa.fr/
Imaginer des lieux ouverts et intergénérationnels
Si les communes n’ont pas toute vocation à gérer des EHPAD ni à en ouvrir de nouveaux, elles seules peuvent faire en sorte que les personnes âgées qui y vivent ne soient pas coupées de la vie locale.
EHPAD
Quels sont les différents types d’hébergement ? Il en existe trois. Les résidences-autonomie, les résidences-services (privées et commerciales) et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Ceux-ci peuvent être gérés par un hôpital, une commune ou son CCAS, une association (gestion privée à but non lucratif) ou une structure commerciale (gestion privée à but lucratif). La commune (ou CCAS) gère la grande majorité des résidences-autonomie et une part importante des EHPAD.
Les résidences-autonomie ont-elles toujours un avenir ? Jadis appelés « logements-foyers », elles accueillent des résidents âgés « autonomes ou relativement autonomes », qui disposent chacun d’un logement individuel et privatif et peuvent accéder à des services ou activités collectives. Ces structures, qui relèvent du champ médico-social, peuvent être habilitées à l’aide sociale, ce qui permet d’en réduire le coût direct pour les résidents grâce
à une prise en charge du conseil départemental. C’est ce qui les différencie des résidences-services, plus chères.
Ces résidences-autonomie sont le plus souvent construites à proximité des services et commerces. Tombé en désuétude du fait d’un patrimoine inadapté, le modèle redevient « à la mode ».
584 715 places dans les 7 532 EHPAD recensés en France en 2018 (Source : CNSA et DREES).
Le modèle est-il figé ? Pour l’AdPA, il faut que les chambres des résidences-autonomie, médicalisées ou non, deviennent de vrais substituts du domicile. Cela suppose d’augmenter leur superficie. Celle-ci s’est d’ailleurs agrandie : de 18 m2 douche comprise dans les années 1980 à 20 m² actuellement. Certains projets actuels d’extension tendent à pousser les murs pour atteindre au moins 22 m².
Pourquoi et comment créer du lien entre la ville et l’EHPAD ? En Loire-Atlantique, dans la commune de Chauvé dont il est maire, Pierre Martin, également directeur d’un EHPAD de 63 résidents, a initié une réflexion il y a dix ans pour «(se) saisir des défis du vieillissement ». Trois axes ont été travaillés : l’habitat, la mobilité et l’inclusion. La commune a créé de l’habitat intermédiaire (dit inclusif). Pour ouvrir l’EHPAD sur la commune, l’un des deux animateurs a été détaché une journée par semaine sur la commune pour développer de l’animation à domicile. La commune et l’EHPAD ont signé une convention pour cela. Pour l’élu, un autre «bon » moyen de créer du lien entre la commune et l’EHPAD est de faire en sorte que des élus locaux siègent au conseil d’administration des EHPAD de leur territoire. Ce qui permet notamment de proposer des activités aux résidents.
Miser sur l’animation. La part de budget dédiée à l’animation dans les maisons de retraite est souvent minime. «Alors qu’elle devrait être importante », estime un élu. Le recours au bénévolat permet de pallier l’absence de budget ad hoc et d’entretenir un lien entre ces résidences et l’extérieur. «Il faut pour cela que les professionnels au sein de ces établissements aient compris qu’il doit s’agir avant tout d’un lieu de vie et non d’un lieu de soins ou de travail », explique un directeur.
Dans la périphérie de Dijon (Côte-d’Or), la commune s’est faite connaître en 1997 par l’audace de son projet d’habitat baptisé «Générations ». C’était un immeuble construit pour accueillir des retraités et des jeunes couples avec enfants. Des interphones relient les appartements, et une salle polyvalente dite «Mosaïque » permet l’organisation d’activités communes. Avec une animatrice pour faire vivre le projet et l’office municipal des aînés en cheville ouvrière. Autour, la ville a prévu une structure multi-accueil (halte-garderie, relais assistantes maternelles), une salle de quartier et un restaurant scolaire. De même que deux petites unités de vie pour des personnes dépendantes, dont certaines souffrant de la maladie d’Alzheimer, en partenariat avec l’association Fedosad. Deux autres «quartiers » sont nés sur le même principe depuis, toujours en partenariat avec des bailleurs sociaux et des associations. Ce type de modèle, encore limité en France, se multiplie à l’étranger.
SERVICES À DOMICILE
Il existe aujourd’hui des services à domicile n’importe où, pour les personnes dites dépendantes, pour l’aide à la vie quotidienne, au repas, les soins à domicile. L’APA (allocation personnalisée d’autonomie) prend en grande partie en charge le coût de ces services fondamentaux.
Coordonner les intervenants. Il peut manquer un coordinateur entre les différents intervenants au domicile d’une personne. «Quand vous n’avez pas de famille proche ni de voisin aimable pour vous épauler, cela peut être compliqué », assure un professionnel. Des structures existent, comme les CLIC, des comités de coordination gérontologique, auxquels les personnes peuvent faire appel. Des CCAS jouent aussi ce rôle, quand ils existent.
Le SPASAD. Une autre solution passe par la création d’un service qui répond à ce besoin de coordination, le service polyvalent d’aide et de soins à domicile (SPASAD). Il réunit les missions d’un SSIAD (service de soins infirmiers à domicile) et celles d’un service d’aide à domicile. «Cela évite souvent de saucissonner les soins apportés à une personne », explique une professionnelle. La création de SPASAD a été relancée par la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement. Il peut bénéficier de fonds de la conférence des financeurs (lire ci-dessous).
Développer les services à la personne. Il faut étoffer la palette des services rendus à domicile au-delà du médico-social, du type « SOS bricolage », (changer une ampoule, tailler des arbustes…). Des communes ont ainsi recours à des agents qui exercent cette activité en se rendant, à la demande du CCAS, au domicile des personnes. C’est d’ailleurs un pan d’activité que cherchent à développer des territoires «zéro chômeur », car ces services ne sont pas assez développés faute de rentabilité. Les services de mobilité font partie des pistes évoquées. L’absence ou la perte de mobilité est une source majeure d’isolement.
Les services à domicile souffrent d’un taux élevé d’accidents du travail (TMS, risques psycho sociaux… ) au niveau de celui du secteur du BTP. Dans l’Allier, ce taux est de 14 %. Le conseil départemental expérimente une politique de prévention de ces risques professionnels, avec l’appui de la CARSAT. Objectif, explique sa vice-présidente, Nicole Tabutin, améliorer la prise en charge des personnes et favoriser le recrutement de personnel. «Dans la relation à domicile, l’agent se retrouve souvent seul et il faut l’aider à expliquer à la personne ce que l’aide à domicile peut ou non faire et pourquoi », explique Florence André-Fauconnier, cheffe de service à la direction autonomie, prévention et soutien à domicile du conseil départemental. La collectivité a pour cela bâti un «référentiel socle » des prestations d’aide et d’accompagnement à domicile des personnes âgées et handicapées. 13 services à domicile (sur 40 du département) participent à l’expérimentation. Chacun va désigner un animateur prévention. En mai et juin, 514 aides à domicile vont être formées aux «gestes et postures ». Des groupes d’échanges de pratique vont suivre. Pour compléter le plan, le conseil départemental réfléchit, par exemple, au moyen de doter les aides à domicile d’un kit de nettoyage.
Oser les horaires atypiques. Les services de garde itinérants de nuit, assez rares, sont, selon les professionnels, une bonne idée à développer. Le CCAS de Châtelaillon (17) a monté le sien il y a près de dix ans. Il s’appelle «Couché tardif ». Grâce à lui, les personnes peuvent se coucher plus tard que 18 heures, l’heure à laquelle les services à domicile arrêtent leurs journées. Le service tourne de 18h30 à 21h30. Deux équipes de 3 agents se relaient tous les jours de la semaine, week-end compris. Seulement 7 personnes peuvent en bénéficier. C’est la limite du service. Il faudrait bien sûr embaucher car l’intervention auprès d’une personne prend 30 minutes…
Solliciter la conférence des financeurs. Ces conférences rassemblent, dans les départements, les principaux acteurs qui partagent les diagnostics et répartissent les moyens sur des projets visant à améliorer la situation des personnes âgées. L’aide aux aidants et à la prévention est ciblée en priorité. Par exemple, cette conférence soutient la plupart des actions de prévention de perte d’autonomie proposées en Gironde aux personnes âgées. Ce qui permet de les rendre quasiment toutes gratuites.
Encourager le bénévolat. Il est apprécié pour maintenir le lien social avec les personnes qui ne peuvent plus sortir de chez elles, ou chez les plus isolées. «Le plus important est de bien détacher ce type d’activité d’un service ordinaire à domicile pour éviter qu’il n’y ait confusion des rôles », prévient une directrice de CCAS. C’est dans cet objectif qu’a été lancé Mona Lisa, le réseau de lutte contre l’isolement des personnes âgées (2) qui sert aujourd’hui de référence.
(1) Source : DREES, enquête Care aidants, 2015.
(2) www.monalisa-asso.fr
À Mons-en-Barœul, l’EHPAD des Bruyères lève les barrières
Au sein de l’EHPAD, l’unité Alzheimer s’affranchit des pratiques classiques pour faire en sorte «que les résidents se sentent chez eux ».
Il faudrait qu’on puisse manger à la carte, du moins quand on veut, si ce n’est ce qu’on veut », rêve un directeur d’EHPAD. C’est justement le choix que l’EHPAD des Bruyères a osé faire, à Mons-en-Barœul (Nord, 27 000 habitants). Plus exactement, l’unité Alzheimer de l’établissement. En fait, tout est remis en cause dans cette unité. Le personnel ne porte plus de blouse blanche. Les personnes âgées préparent elles-mêmes les dîners, avec l’aide des soignants. Elles vont faire les courses, deux fois par semaine. « Certains n’avaient pas remis les pieds dans un supermarché depuis des années. Les envies et les souvenirs reviennent grâce à cela », assure Élodie Avignon, cadre de santé de l’unité Alzheimer. L’horaire du repas du soir a été décalé. Les toilettes du matin ne sont plus à heure fixe. Si une personne ne veut pas la faire, « on décale la toilette à plus tard plutôt que de la forcer ».
La philosophie de « Carpe diem »
Tout cela s’inspire d’une méthode, dite « Carpe diem », importée du Québec. Avant de l’adopter, le personnel avait ressenti l’extrême besoin de « faire bouger le cadre ». Tout est né de l’idée d’une élue, Brigitte Adgnot, adjointe aux aînés, de faire partir en vacances la douzaine de résidents avec une vingtaine d’enfants du centre aéré, âgés de 6 à 12 ans. Pendant ces quelques jours d’avril 2017, le personnel a réalisé que ces changements étaient possibles, sans que cela fragilise les personnes. Au contraire, celles-ci se sont mises à mieux manger. Les troubles du comportement se sont atténués. L’infirmière a délivré deux fois moins d’antalgiques. De retour à l’EHPAD, l’équipe de soignants a demandé à prolonger l’expérience. Depuis, tout le monde a suivi la formation « Carpe diem ». «C’est une philosophie qui valorise davantage l’autonomie restante de la personne plutôt que sa perte d’autonomie », explique le directeur de l’EHPAD, Jean-François Basset. Il avait déjà «pris le parti de ne plus fermer les portes de l’unité » et de supprimer les digicodes. Les familles l’ont accepté, pas toujours facilement. «Il y a eu des réticences mais le mieux-être convainc tout le monde », assure-t-il.
Le projet continue d’évoluer. À chaque fois, sur proposition du personnel. Récemment, le directeur a signé l’achat d’un fer et d’une planche à repasser. Parce que « l’équipe s’est aperçue qu’une résidente aime aider à plier le linge. Si c’est une prise de risque, nous cherchons à la maîtriser, c’est pourquoi j’ai investi dans un fer ménager plutôt que la laisser se servir
des fers professionnels plus difficiles à manier », explique le directeur. Cette année encore, un autre séjour vacances intergénérationnel aura lieu, en avril, à Calais. Dans une auberge de jeunesse cette fois-ci. Le service jeunesse reste partenaire. D’autres personnes de la résidence-autonomie de la commune vont aussi à nouveau se joindre au voyage.
Contact
EHPAD Les Bruyères.
Tél. 03 20 79 88 00.
La «révolution » de faire la cuisine l’après-midi a nécessité
de réorganiser les plannings de l’équipe. « On a fait glisser
des postes de journée sur des créneaux 9h00/17h00 à 13h30/20h30 », explique le directeur. En fait, les résidents
ne font pas leur popote mais suivent un «atelier thérapeutique cuisine ». L’équipe « déteste »
le terme. Mais sur le papier, cela lui permet de continuer à mener son projet sans obstacle administratif ou règlementaire. En trois ans, il n’y a jamais eu d’intoxication alimentaire à l’unité Alzheimer des Bruyères.
Villeurbanne gère plusieurs structures d’accueil
Elle privilégie des lieux intergénérationnels et ouverts sur la ville. Le vieillissement est pris en compte dans toutes les politiques.
En charge de la direction « senior et lien intergénérationnel » au sein de la municipalité de Villeurbanne (Rhône, 147 700 habitants), Magali Descours articule toutes les politiques municipales pour que « les enjeux du vieillissement soient pris en compte dans les différentes politiques publiques et pas seulement à la direction des personnes âgées ». Elle a ainsi travaillé avec le service des sports pour développer le sport sur ordonnance. Elle organise les rencontres intergénérationnelles comme celles entre des résidents d’EHPAD et des jeunes enfants accueillis en crèche. Le but étant que tous « fassent partie de la vie de quartier ».
Un nouveau pas va être franchi avec l’ouverture d’une nouvelle résidence-autonomie. Son aménagement a été conçu en ce sens. Ses résidents partageront en effet leur restaurant avec des scolaires. Pas aux mêmes temps toutefois. « On aurait voulu qu’ils partagent ce même lieu, mais les rythmes restent différents », explique l’élue. Le bâtiment sera aussi équipé d’une salle de sport « ouverte » sur le quartier. Cette résidence est un ancien logement-foyer qui nécessitait une vaste réhabilitation. 138 appartements sont reconstruits. Car les personnes âgées veulent aussi vieillir en ville. Les élus souhaitaient « un lieu de vie intergénérationnel ». Il était donc « plus simple » de repartir sur une résidence-autonomie que d’envisager la création d’un EHPAD. Preuve qu’elle répond à un besoin, la résidence n’est pas encore ouverte que la directrice a déjà dû ouvrir une liste d’attente…
La commune compte 4 résidences-autonomie. En moyenne, à peine une poignée de logements sont vacants. Si la vacance baisse, c’est parce que les gens du quartier ont pu mettre un pied dans l’établissement. Ce qui a fait tomber des préjugés… « Les gens ne savaient pas qu’ils y étaient libres d’aller et venir, d’avoir leur appartement ; ils imaginaient un prix prohibitif », raconte la directrice. Les demandes émanent en grande majorité de Villeurbanais. Souvent à la suite d’un veuvage ou après un divorce. Quelques-uns viennent aussi d’ailleurs, pour se rapprocher de leurs enfants. Également directrice déléguée aux personnes âgées au sein du CCAS, Magali Descours assure la coordination avec les 2 EHPAD gérés par le CCAS, ainsi qu’un lieu de répit et d’information sur les maladies de type Alzheimer, un accueil séquentiel, un SSIAD et un service de portage de repas. Récemment, un hébergement temporaire (un meublé dans l’une des résidences) s’est ajouté pour offrir une solution aux personnes qui sortent de l’hôpital notamment.
Contact
Mairie de Villeurbanne.
Tél. 04 78 03 67 67.
Grand âge et autonomie : ce que l’AMF préconise
Lors de sa commission des affaires sociales du 13 mars 2019, l’AMF a formulé plusieurs propositions relatives aux enjeux de la perte d’autonomie des personnes âgées et son impact pour le bloc communal en termes de gestion de services à domicile et d’EHPAD :
• coordonner l’ensemble des acteurs (sanitaire, social, médico-social…) pour mettre un terme aux réponses en silos, et ainsi donner davantage de lisibilité sur l’offre d’établissements et services existants, leurs coûts, les aides financières et l’accompagnement dont les personnes âgées peuvent bénéficier.
• revaloriser les métiers du grand âge et leur rémunération afin de répondre à la pénurie de professionnels.
• améliorer l’accessibilité financière des établissements et des services à la personne, et revoir à la baisse le reste à charge, notamment pour les familles les plus modestes.
• assurer une plus grande homogénéité entre les SAAD (aspects qualitatifs).
• conforter le rôle des EHPAD, notamment des plus petits (ils doivent pour cela pouvoir s’appuyer sur un accompagnement renforcé des ARS pour l’achat de matériel), mais aussi les structurer en les ouvrant davantage sur le territoire, en lien avec les SAAD et les autres structures existantes, qu’elles relèvent de la santé, du social ou du médico-social.
À lire
• Guide pour aider les collectivités à structurer une politique locale en faveur des personnes âgées.
www.villesamiesdesaines.fr
• Grand âge dans les Outre-mer, rapport de la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale (n° 2662).
http://www.assemblee-nationale.fr
• «Comment s’adapter au vieillissement de la population ? », compte-rendu du forum qui s’est tenu le 19 novembre dernier lors du 102e Congrès de l’AMF. www.amf.asso.fr (rubrique « Congrès »).
Cet article a été publié dans l'édition :
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